Crédité de 45 % de confiance auprès des Français selon un sondage Elabe* pour Les Echos et Radio Classique publié aujourd’hui. Emmanuel Macron prend ses fonctions à l’Elysée, avec une cote inférieure à tous ses prédécesseurs. Même chose pour son Premier ministre.
La veille du second tour, Emmanuel Macron avait reconnu que s’il était élu, il n’aurait « pas d’état de grâce. (…) la minute d’après, rien ne sera acquis. » C’est effectivement le cas. Car avec 45 % de cote de confiance dans le baromètre de l’exécutif d’Elabe pour « Les Echos » et « Radio Classique », le nouveau président de la République n’obtient pas de chèque en blanc de la part des Français. Même constat pour son Premier ministre, le député-maire LR du Havre Edouard Philippe, crédité de 36 % de confiance.
Un score bien en dessous de celui des premiers ministres nommés après les élections présidentielles précédentes.
Juppé devant Le Drian.
Alain Juppé reprend la première place au classement des personnalités (50%, +6), devant Jean-Yves Le Drian (37%, +6). Jean-Luc Mélenchon s’effondre en revanche, avec une chute de 17 points en un mois à 34%, François Bayrou perd 3 points à 31% et Marine Le Pen, battue au second tour de la présidentielle, en perd 7 à 25%.
« Une situation tout à fait inédite sous la Ve République »
Alors certes, Emmanuel Macron obtient bien davantage que François Hollande à la fin de son quinquennat (26 %). Mais avec une cote inférieure à tous ses prédécesseurs à l’aube de son mandat : 58 % pour François Hollande en 2012, 59 % pour Nicolas Sarkozy en 2007, 61 % pour Jacques Chirac en 1995 et malgré tout 53 % pour lui en 2002.
Emmanuel Macron est dans une situation tout à fait inédite sous la Ve République. « On n’observe pas d’état de grâce à la faveur de l’exécutif ». Mais cette situation « n’est que la continuité de la situation inédite observée depuis quelques mois. On sent un certain attentisme des Français et face à eux, un Président de la République et un premier ministre qui vont avant tout devoir faire leurs preuves. »
« Une société française fracturée »
Il ne qualifie toutefois pas cette situation de « défiance », malgré les 46 % de Français déclarant ne pas faire confiance au nouveau chef de l’Etat. C’est en effet un poids quasi équivalent à ceux qui disent pour l’instant lui faire confiance. Mais cela reflète bien plutôt « une société française fracturée, avec une recomposition politique en cours comme cela s’est vu au premier tour de l’élection présidentielle avec quatre candidats très proches, analyse Yves-Marie Cann. D’autre part, la double déception suite à la fois au quinquennat de Nicolas Sarkozy à droite et à celui de François Hollande à gauche, fait que les Français ne se contentent plus des promesses et ne s’attendent pas à ce que la situation s’améliore sous le seul effet de l’élection. »
- En revanche, et c’est un signal plutôt positif pour Emmanuel Macron dans la perspective des législatives , ses premiers pas de président ont pu séduire y compris des Français qui n’avaient pas voté pour lui au second tour. Car si 92 % de Français ayant voté pour lui au premier tour lui font confiance, ce sont jusqu’à 56 % des électeurs de Benoît Hamon qui lui donnent aussi la leur et quasiment la moitié (49 %) de ceux de François Fillon.
Un atout dans la perspective des législatives
« Ce sont des résultats qui attestent quand même d’une certaine bienveillance chez ses opposants naturels. La passation de pouvoir avec une certaine verticalité ainsi que la nomination d’Edouard Philippe permettent à Emmanuel Macron d’engranger des soutiens non négligeables chez les électeurs de Benoît Hamon comme de François Fillon ».
Et alors que les sondages réalisés au second tour montraient qu’un Français sur deux ayant voté pour Emmanuel Macron disait l’avoir fait pour faire barrage au Front national – bref, un vote par défaut -, le baromètre montre que 75 % d’entre eux lui accordent aujourd’hui leur confiance. « Quand 20 millions de Français ont voté pour lui au second tour, c’est quand même un capital de confiance non négligeable. Même si beaucoup de Français ont voté par défaut, il y a la volonté de lui donner une chance. » Un atout dans la perspective des législatives.
Encore largement inconnu du grand public
Quant à Edouard Philippe, cette première mesure de confiance – 36 % des Français interrogés déclarent donc lui faire confiance contre 43 % qui ne lui font pas confiance – elle indique surtout, quand 21 % des personnes interrogées se disent « sans opinion », que le nouveau Premier ministre est encore largement inconnu du grand public.
Ses premiers pas, ses premières prises de parole et ses premières décisions vont, à ce titre aussi, donc, être cruciaux. Beaucoup dépendra d’eux pour la suite. S’il faut prendre en compte le fait que la part de Français « sans opinion » tire mécaniquement vers le bas sa cote de confiance, elle est bien inférieure à ses prédécesseurs comme Jean-Marc Ayrault en 2012 – à 56 % – qui, il est vrai, « était beaucoup plus connu qu’Edouard Philippe en tant qu’ex-président du groupe PS à l’Assemblée et avait un rayonnement de son action locale à Nantes qui lui avait donné une image positive à l’échelle nationale. Ce n’est pas le cas d’Edouard Philippe ».
Toutefois, les électeurs d’Emmanuel Macron, de premier comme de second tour, accordent majoritairement à Edouard Philippe leur confiance. Une manière de valider ce choix pour Matignon. Chez les électeurs de François Fillon, 45 % lui donnent leur confiance, contre 40 qui la lui refusent. « C’est à la fois de bonne augure pour les législatives », et pour l’objectif d’Emmanuel Macron, de fracturer l’électorat de droite à défaut peut-être de fracturer l’appareil. »