Les plantes du sommeil

valeriana-Un tiers de notre vie, soit en moyenne 25 ans, se passe… au lit !

Mais pour huit personnes qui partagent leurs nuits avec Morphée, deux ne connaîtront pas le Graal d’un sommeil réparateur. L’insomnie touche de 20 à 30 % des Français, et près de 10 % consomment régulièrement un anxiolytique ou un hypnotique. Et pourtant, sans sommeil point de salut ! Il est aussi indispensable que l’air ou la nourriture, et en être privé altère rapidement notre santé. Quelques mauvaises nuits entraînent tout de suite des difficultés de concentration, de mémoire et des troubles de l’humeur, et, en cas de privation de sommeil chronique, des troubles plus graves surviennent : baisse de l’immunité, hypertension, diabète, prise de poids, vulnérabilité au stress et dépression. Le cercle vicieux s’installe alors, car anxiété et dépression sont justement à l’origine des insomnies dans 50 % des cas. Pour éviter l’insomnie chronique – quand les cycles du sommeil sont déréglés -, le recours aux plantes, associé à une meilleure hygiène de vie, permet souvent de passer ce cap et d’éviter la spirale infernale des somnifères.

S’endormir avec la valériane
La valériane ou « herbe à chat » (Valeriana officinalis) est la plante la plus fameuse des troubles du sommeil : son usage remonte à l’Antiquité, et Hippocrate, Dioscoride ou Galien la recommandaient déjà pour cet usage. Jusqu’à la découverte des somnifères, elle était très populaire, ce qui lui vaut aujourd’hui encore le surnom de « Valium végétal ». Elle agit plutôt comme antidépresseur ou pour contrer l’anxiété et, à dose plus forte, devient somnifère et sédatif. Idéale en cas de ruminations sans fin, elle est surtout conseillée pour les problèmes d’endormissement liés à l’anxiété ou à un stress prolongé. Il faut souvent attendre de 2 à 4 semaines pour voir ses effets. En revanche, elle agit peu sur les réveils nocturnes. On peut la prendre en tisane, à raison de deux ou trois tasses en soirée, ou sinon en gélules, son goût n’étant pas toujours très apprécié. Elle présente peu d’effets indésirables, sauf en cas de troubles du foie, mais il faut éviter de la consommer plus de six semaines d’affilée, et il convient d’être prudent si on conduit (baisse de vigilance possible). En cas de traitement, demandez un avis médical, car elle peut interagir avec certains médicaments (anticoagulants, molécules qui augmentent la somnolence, etc.).

Pavot de Californie et cônes de houblon
Pavot et cône de houblon, duo gagnant ? Détrompez-vous, il ne s’agit nullement d’un cocktail pour soirée déjantée mais bien de substances végétales reconnues pour leur efficacité ! S’il fallait choisir une seule plante pour accompagner vos nuits, ce serait le pavot de Californie (Eschscholzia californica). « Elle agit comme la valériane, mais son action hypnotique est plus intense, et elle peut être prescrite aux enfants de moins de 12 ans, contrairement à la valériane », explique le Dr Lorrain, phytothérapeute et auteur de 100 questions sur la phytothérapie (Éd. La Boétie). L’Eschsholzia était déjà connue des Amérindiens, qui la consommaient pour soulager maux de dents et coliques. Elle a fait l’objet de nombreuses études qui ont démontré son efficacité comme sédatif, surtout en cas d’anxiété ou d’hyperactivité. Grâce à elle, l’endormissement est plus rapide et la durée du sommeil augmente… à condition d’attendre quelques semaines pour les premiers résultats. On la trouve surtout sous forme de teinture mère ou d’extraits fluides, mais les fleurs peuvent aussi être utilisées en tisane.

Le houblon, quant à lui, peut être consommé en tisane ou gélules, plutôt que sous forme de bière, l’alcool n’étant pas le meilleur ami du marchand de sable… Ce sont les cônes de houblon qui sont utilisés traditionnellement : ils contiennent une huile essentielle sédative et hypnotique si parfumée que les ouvriers des brasseries qui la respirent auraient parfois d’irrépressibles envies de dormir ! Pour passer une nuit tranquille, une tradition anglaise consiste d’ailleurs à glisser quelques cônes de houblon à côté de son oreiller. Plus particulièrement, on conseille le houblon lors des insomnies liées aux troubles de la ménopause comme les bouffées de chaleur. Une tisane une heure avant le coucher est traditionnellement recommandée. Là encore, il convient d’être prudent en cas de traitement médicamenteux et d’en parler avec son médecin. Par mesure de précaution, on le déconseille lors d’antécédents de cancer du sein en raison de son action oestrogénique.

Réveils nocturnes
En cas de réveils nocturnes, d’autres plantes pourront venir à votre rescousse. Prudence cependant : l’insomnie de seconde partie de nuit avec réveil précoce ou sommeil morcelé en fin de nuit peut être le symptôme d’une dépression, qui nécessite alors une autre prise en charge. L’association du lotier corniculé (Lotus corniculatus) et du mélilot (Melilotus officinalis) est la plus souvent citée pour réduire les réveils nocturnes.

Pour les enfants, une jolie tisane de coquelicots (Papaver rhoeas) permettra de calmer les garnements excités, car c’est, dit-on, le somnifère des enfants. Enfin, la traditionnelle tisane de tilleul le soir a bien sûr toute sa place pour favoriser une bonne nuit. Rarement, chez certaines personnes très sensibles, elle aurait un effet paradoxalement excitant.

Enfin, en cas de stress, respirer quelques gouttes d’huile essentielle d’orange amère améliore aussi notablement le sommeil. Faites de beaux rêves…