Ce Dimanche … à vos montres

Voici la prochaine date du changement d’heure et la méthode à suivre :

 Prochain changement d’heure : le 30 octobre 2016, à 3h il sera 2h

 

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Dans quelques jours, c’est la date du changement d’heure d’hiver. De la même manière que le changement d’heure d’été, cet événement saisonnier, à quelques jours de la Toussaint, change nos heures de sommeil et le nombre d’heures de lumières compris dans notre journée.

Le passage à l’heure d’hiver suit d’un mois environ l’équinoxe d’automne, moment où le soleil brille moins de la moitié de la journée environ (les journées passant sous le seuil des 12 heures). La durée d’ensoleillement, qui a commencé à se réduire dès le 20 ou 21 juin et le solstice d’été ,continue ensuite à chuter jusqu’au solstice d’hiver (20 ou 21 décembre), date à laquelle le jour est le plus court de l’année. Mais l’heure d’hiver, qui revient chaque année, a aussi des impacts sur votre santé ou encore votre consommation d’énergie.

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La mesure a été appliquée pour la toute première fois en 1916 en Allemagne et en Autriche-Hongrie. Objectif : conserver du charbon pour l’effort de guerre. La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont imité cette invention avant de l’abandonner en temps de paix. En France, c’est en 1975 que le système a été adopté, par le gouvernement mené par Jacques Chirac, afin de réduire la consommation d’énergie pendant la crise pétrolière. Le premier passage a l’heure d’été de l’ère moderne a eu lieu le dimanche 28 mars 1976. Le changement d’heure fête donc ses 40 ans cette année. L’ensemble des pays européens ont fini par introduire la pratique au début des années 1980.

ben_franklinBenjamin Franklin avait des idées bien arrêtées sur le changement d’heure.

Mais jouer avec les aiguilles est une vieille lune ! Avec pour point de départ, une insomnie : celle de l’inventeur et homme politique américain Benjamin Franklin. En 1784, alors qu’il est ambassadeur des Etats-Unis en France, il est réveillé très tôt par un bruit dans la rue. Constatant à travers les rideaux qu’il fait grand jour, il envoie une lettre sarcastique au Journal de Paris. Dans le courrier, il se désole des heures de lumière matinale perdues et propose aux Parisiens de se lever plus tôt. Les gens iraient, de fait, se coucher de bonne heure, ce qui permettrait d’économiser des milliers de bougies et chandelles. Il propose même, à demi sérieux, de faire sonner les cloches des églises dès l’aube pour réveiller les dormeurs et, si cela ne suffit pas, de tirer des coups de canon pour les forcer à se lever…

Plus de cent ans plus tard, un entomologiste néo-zélandais se lasse de voir ses chasses aux insectes interrompues par la nuit. Georges Vernon Hudson retourne l’argumentation : et si on demandait aux horloges de changer, pas aux gens ? Il invente donc l’idée d’une heure d’été qui s’appliquerait à la belle saison australe. Il propose à la Royal Society of New Zealand de décaler les horloges de deux heures aux équinoxes afin de permettre à chacun de profiter au mieux : « du cricket, du jardinage, du cyclisme ou toute autre activité extérieure ». Ses amis scientifiques sont très sceptiques, mais l’intense débat provoqué dans la presse par cette proposition est entendu à l’autre bout du monde…

En Grande-Bretagne, le patron d’une entreprise de travaux publics William Willett promeut l’idée à partir de 1907. Il propose que les horloges soient progressivement avancées au printemps par petits sauts de 20 minutes. C’est finalement pendant la Première guerre mondiale que ces argumentaires sont entendus. A l’époque, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie cherchent à économiser un maximum de charbon. Pour limiter la consommation domestique, les autorités militaires décrètent dans les deux pays l’adoption de l’heure d’été. Au printemps 1916, les deux pays changent d’heure pour la première fois, bientôt suivis par le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis. Chacun de ces pays abandonne la mesure une fois la paix revenue.

En 1940, l’Allemagne nazie réintroduit l’heure d’été, toujours pour préserver ses réserves de charbon. Afin de favoriser la bonne circulation des trains entre les deux pays, l’occupant exige du régime de Vichy qu’il adapte les horloges françaises. Paris et le reste de l’Hexagone quittent le fuseau de Londres (Greenwich) pour rejoindre celui de Berlin et adopte en même temps l’heure d’été. Un état de fait qui inspirera le titre du roman « Mon village à l’heure allemande » de Jean-Louis Bory (qui remporte le Prix Goncourt). Pendant longtemps, l’idée de changement d’heure restera associée avec cette période sombre dans l’esprit des Français. Après la fin du conflit, l’Etat conserve l’heure de Berlin (C.E.T.), renonçant à retrouver le fuseau horaire de Londres. En revanche, l’heure d’été est abolie.

Fin 1973, le prix du pétrole quintuple en quelques semaines. La conjonction d’un ralentissement économique et de la Guerre du Kippour, qui oppose Israël à de nombreux pays arabes, alourdit la facture pour les pays occidentaux. En France, comme ailleurs en Europe, l’heure est aux économies d’énergie drastiques, résumées par l’astucieux slogan : « On n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Les stations-service sont rationnées, les chaînes de télévision arrêtent leurs programmes dès 23 heures… En 1975, le gouvernement de Jacques Chirac propose alors la réintroduction du changement d’heure. Un décret publié au Journal officiel rend la transition obligatoire. Le premier changement d’heure de l’ère moderne a eu lieu le 28 mars 1976. Dans le journal télévisé de TF1, le journaliste vedette de l’époque Roger Gicquel déclare tout de go : « Je n’y comprend rien » (voir la vidéo sur le site de l’INA). Près de 40 ans plus tard, les Français demeurent aussi dubitatifs.

unknown Pays concernés par le changement d’heure

De nombreux pays dans le monde n’appliquent pas le changement d’heure. Pour que le système ait un sens, il faut que des variations saisonnières de luminosité soient suffisamment importantes pour que changer d’heure soit pertinent. C’est par exemple le cas en France. A Paris, la durée entre le lever et le coucher du soleil passe ainsi de 16h10 au solstice d’été à 8h14 au solstice d’hiver. Si nous restions constamment à l’heure d’hiver, comme c’était le cas auparavant, le soleil se lèverait dès 4h47 du matin le 21 juin dans la capitale, et se coucherait dès 20h58.

Pour les partisans du changement d’heure, les petites heures du jour (de 4 heures à 6 heures) seraient « perdues ». A l’inverse, à Lagos (Nigeria), ville située légèrement au nord de l’équateur, la durée du jour n’évolue que de 45 minutes sur l’ensemble de l’année, rendant la mesure inopérante. C’est donc dans les régions tempérées du globe que la mesure est appliquée, avec quelques différences. En Amérique du nord par exemple, le passage à l’heure d’été s’effectue le deuxième dimanche de mars, le passage à l’heure d’hiver se fait lui le premier dimanche de novembre. Au delà, l’intérêt énergétique est considérablement amputé dans certains pays chauds et développés : en effet, une heure d’ensoleillement supplémentaire constitue une heure de plus où les climatiseurs fonctionnent à plein rendement. C’est cet argument qui a permis à l’Etat américain d’Arizona de ne plus appliquer de changement d’heure (alors que la quasi totalité des Etats-Unis s’y soumet).

 Abandonner le changement d’heure, possible ?

Dans ce contexte, les Etats européens peuvent-ils toujours décider seuls de revenir sur l’alternance entre heure d’été et heure d’hiver ? L’ambiguïté domine. L’ACHED a formé un recours contre cette directive européenne auprès du tribunal de Luxembourg. Résultat : le tribunal a estimé que le choix de l’heure légale restait une option des pays membres. Mais des responsables politiques français estiment que c’est juridiquement et politiquement difficile pour l’instant.

D’autres pays dans le monde ont déjà fait marche arrière. La Russie a ainsi décidé d’abroger le changement d’heure en février 2011. Il avait été introduit en 1981, à l’époque soviétique. La même année, l’Egypte, l’Ukraine et la Biélorussie choisissaient aussi d’abandonner le changement d’heure. L’Arménie a fait de même en 2012, la Tunisie en 2009. En reculant dans le temps, on constate que le Japon a appliqué l’heure d’été entre 1949 et 1952 (l’archipel était alors contrôlé par l’armée américaine). Cette mesure, alors très impopulaire, a fait l’objet de nouveaux débats dans les années 1990.

pour_ou_contre_achat_internetPour ou contre le changement d’heure

 La réalisation d’économies d’énergie .

POUR : Selon l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, les économies d’électricité sont estimées par EDF à 1,3 milliards de kw/h, soit 290 000 tonnes équivalent pétrole en énergie primaire. Cela correspond à environ 4 % des consommations d’éclairage en France, soit la consommation totale d’électricité sur une année d’une ville de 200 000 habitants.

CONTRE : Les opposants rétorquent que ces économies représentent une fraction infime de la consommation française de l’ordre de 0,3 à 0,5 %. Bien plus, ces heures d’éclairage artificiel gagnées le soir sont largement compensées par les dépenses énergétique supplémentaires induites le matin : notamment en chauffage au début du printemps. Des associations demandent ainsi au gouvernement la réalisation d’une étude prospective du résultat énergétique du système d’heure d’été.

 L’impact sur l’environnement

CONTRE. Nombre d’opposants à l’heure d’été dénoncent des effets négatifs sur l’environnement de ce décalage horaire. Selon eux, il provoquerait des pics d’ozone car la circulation et l’activité industrielle commencent plus tôt et leurs pointes coïncident avec les heures les plus chaudes de la journée : le décalage horaire augmenterait ainsi la concentration d’ozone par phénomène de photo-oxydation.

POUR : L’ADEME conteste ces arguments. Selon elle, « les études réalisées n’ont pas donné de résultats significatifs. »

toc1 Les effets sur la santé

CONTRE. Selon le rapport d’information du Sénat, le monde médical voit dans ces changements horaires « une source supplémentaire de fatigue au moment du printemps. » Cette « chrono-rupture » perturberait le rythme biologique et occasionnerait aussi des « troubles du sommeil, de l’appétit, de la capacité de travail, voire de l’humeur. » Les écoles, les crèches, les hôpitaux, les maisons de retraite seraient particulièrement confrontés à ces problèmes d’adaptation, car les plus jeunes et les plus âgés sont les plus sensibles au décalage de l’heure du coucher et du lever et sont donc ceux qui rencontrent généralement le plus d’effets indésirables.

POUR. Les défenseurs soulignent néanmoins que les médecins restent divisés sur ce sujet. Ces effets du changement d’heure sur l’organisme sont le plus souvent qualifiés de « transitoires » et résorbés dans une période maximale de trois semaines.

Unknown-1 L’impact sur l’économie

POUR. Le changement d’horaire impose de nombreuses adaptations de la vie économique : réglage de l’heure intégrée à des équipements (horodateurs, installations informatiques, matériels électroménagers…) modification de l’organisation des transports (en pratique les trains arrivent une heure en retard lors du passage à l’heure d’été et son mis à l’arrêt une heure au retour à l’heure d’hiver). Mais l’informatisation croissante des systèmes rend ces réglages relativement indolores.

CONTRE. Dans les activités de construction ou agricoles étroitement liées à l’heure solaire, le décalage horaire a un impact direct sur l’heure des travaux : dans le bâtiment, il contraindrait à commencer la journée de travail plus tôt. Dans le monde agricole, il empêcherait le début des travaux dès le matin en raison de l’humidité des sols. Dans les deux cas, dans la journée, les travaux seraient souvent effectués aux heures les plus chaudes : s’ils prennent leur pause-déjeuner à 12h30 (10h30, heure du soleil), les travailleurs reprendront en effet leurs activités aux heures de grande chaleur (12h, heure du soleil).

Listen L’influence sur la sécurité routière

POUR. Les partisans de l’heure d’été soulignent que « retarder » d’une heure le coucher du soleil permet de réduire le nombre d’accident de la route en améliorant la visibilité des automobilistes à l’heure de la sortie du travail ou de l’école.

CONTRE. Mais cette analyse est contestée par certains chercheurs : selon eux, la fatigue induite par la réduction du temps de sommeil le soir, et la détérioration des conditions atmosphériques le matin, aux heures de grande circulation, entraînent, au contraire, une augmentation du nombre d’accidents. Le changement d’heure serait ainsi générateur d’accidents. Selon la Police nationale, un pic d’accidents de la route a lieu à l’aube (entre 8h et 10h) et au crépuscule (entre 17h et 21h) de novembre à janvier. « L’heure d’hiver accroît la période d’obscurité aux heures de pointe, heures auxquelles les usagers de la route sont les plus nombreux et les plus fatigués » estime la Sécurité routière, qui recommande aux piétons et aux cyclistes de porter des vêtements clairs. « Une vingtaine de piétons est tuée en plus sur cette période chaque année.