« Réforme de l’orthographe : l’accent circonflexe ne sera pas banni de de la langue française.
Sa disparition supposée avait ému bon nombre d’internautes sur les réseaux sociaux. Mais elle ne sera que facultative. »
« Indignation, colère, émotion. Les éditeurs ne s’attendaient sans doute pas à un tel tollé en annonçant l’application de la réforme de l’orthographe dans les manuels scolaires. Dans le viseur des plaignants, on retrouve notamment la disparition toute relative de l’accent circonflexe. En effet, elle sera facultative et n’interviendra pas dans tous les cas.
Dès la rentrée de septembre 2016, les manuels porteront un macaron « Nouvelle orthographe » sur leur couverture. Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP), explique que « c’est l’orthographe officielle de la République depuis plus de vingt-cinq ans. Ce qui est surprenant c’est que l’on s’en surprenne. L’Académie française a fait un travail très précis », estime-t-il. L’Académie avait vraiment veillé à ce que ces modifications soient compréhensibles, ce n’était absolument pas un bouleversement, plutôt du toilettage. »
Une réforme qui date de 1990
En effet, la réforme qui n’est pas portée par l’Éducation nationale, ne date pas d’hier. Il faut remonter en 1990, 26 ans en arrière, pour la voir émerger. Elle avait été proposée par le Conseil supérieur de la langue française, créée par Michel Rocard en 1989 et dissout en 2006, puis validée par l’Académie française. Elle concerne au total plus de 2.400 mots de la langue française. En novembre 2015, le Bulletin officiel sur les nouveaux programmes d’enseignement à l’école certifiait à nouveau que « l’enseignement de l’orthographe a pour référence les rectifications orthographiques publiées par le Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990 ». Après avoir refusé de les appliquer, les éditeurs de manuels scolaires ont changé d’avis.
Parmi ces modifications orthographiques, la disparition de l’accent circonflexe a fait débat. Un débat qui a rapidement perdu de sa virulence quand on lit la réforme entre les lignes. En effet, l' »accent au chapeau » ou « le chapeau chinois », comme il est couramment surnommé, ne deviendrait que facultatif sur les « i » et les « u ». Par exemple, coût pourra dorénavant s’écrire cout. Rien d’obligatoire.
Selon Les Décodeurs, l’accent circonflexe sera maintenu dans de nombreux cas. La conjugaison ne sera pas impactée. Le passé simple (nous voulûmes), l’imparfait du subjonctif (qu’il voulût) et le plus-que-parfait du subjonctif (qu’il eût voulu) conserveront leur accent. L’accent circonflexe ne disparaîtra pas non plus quand il est indispensable à la compréhension du mot (mûr et mur, jeune et jeûne, sûr et sur, dû et du…). En bref, la révolution annoncée était loin d’en être une.
« Je me demande si on ne se fout pas de nous », regrette Jean d’Ormesson
L’écrivain français, membre de l’Académie française, regrette que la réforme de l’orthographe resurgisse alors que « la situation du pays est tragique ».
La réforme de l’orthographe votée en 1990 par l’Académie française va faire son apparition dans les manuels scolaires à la rentrée 2016-2017. Imaginée par le Conseil supérieur de la langue française à la fin des années 1980, validée par les 40 immortels de l’Académie française et publiée au Journal officiel il y a 26 ans, cette simplification de l’orthographe fait très largement débat.
Et si Jean d’Ormesson était déjà membre de l’Académie française lors de cette réforme celui-ci conteste le calendrier d’application. « Ce qui me choque, ce n’est pas la réforme de l’orthographe, c’est qu’on la sorte en ce moment. La situation du pays est tragique. Jamais la France n’a été dans un état aussi mauvais d’un point de vue moral et c’est le moment que l’on choisit ».
« J’ai beaucoup de respect pour plusieurs des membres du gouvernement mais on se demande à quoi ils pensent »
Jean d’Ormesson
« Je me demande si on ne se fout pas de nous », lance-t-il évoquant même le débat sur la déchéance de nationalité qui divise très largement la classe politique depuis les attentats du 13 novembre. « Ce gouvernement est très sympathique. J’ai beaucoup de respect pour plusieurs des membres du gouvernement mais on se demande à quoi ils pensent. Il y a eu la déchéance de nationalité et maintenant on va lancer la réforme de l’orthographe », détaille-t-il.
Et s’il était « plutôt favorable » à cette réforme, Jean d’Ormesson refuse « absolument de parler d’accent circonflexe et de virgule à un moment où les écoliers n’apprennent plus à lire et à écrire ». Selon lui, les débats sur l’orthographe devaient donc attendre. « C’est cette politique de réformes à tout-va, sur des points discutables, au moment où il faudrait donner son attention aux programmes très graves qui désespèrent les Français », conclut-il. »
Source RTL