Raffiné.
Petit panorama ancien et contemporain de l’art textile coréen, une des grandes spécialités de ce pays, à l’occasion de son année croisée avec la France.
Les premiers étrangers entrés en Corée ont souvent parlé du “peuple vêtu de blanc”, les couleurs claires étant celles du deuil ou, pour les hommes, celles des vêtements de travail. C’était ignorer celles qui se cachaient dans les maisons : les femmes, dont la tenue multicolore chantait autant que les oiseaux…
Epingles en argent avec corail et application de plumes de martin-pêcheur.
À l’occasion des années croisées France-Corée, la créatrice et brodeuse In-sook Son, qui a réalisé plus de 5 000 oeuvres, est à l’honneur à Paris. Elle illustre de façon contemporaine l’importance de l’art textile en Corée depuis les périodes les plus reculées, art qui fut longtemps la seule activité que les femmes étaient autorisées à pratiquer. Issue d’une famille de brodeuses, Insook Son a hérité de leur passion et a voulu donner un nouveau souffle à cette technique. Elle a créé notamment le silgrim, “peinture” entièrement réalisée avec des fils, et renouvelé les tenues des enfants ou des femmes en fonction de leur teint ou de leur personnalité. On en voit, ici, accompagnées de nombreuses pièces plus anciennes, dans un admirable état de conservation. Les robes de mariage succèdent aux vestes, jupes et chapeaux dans un éblouissement de couleurs et de broderies, en particulier les rayures vertes, roses, orange, mauves sur lesquelles vient se poser une nuée de motifs et de fleurs brodées.
On découvre aussi dans l’exposition la pièce centrale du costume féminin, le “norigae” (noeud), bijou en argent, jade ou corail, agrémenté de petites pendeloques en tissu. De même des meubles et des paravents avec, à la place des habituelles marqueteries, d’incroyables tableaux brodés. On n’ose imaginer les heures passées pour la réalisation de telles pièces. Une très jolie et étonnante exposition dont l’atmosphère intime ressemble à celle d’un intérieur privé.
Intérieur coréen, oeuvres d’In-sook Son, musée Guimet, galeries du Panthéon bouddhique, Paris XVIe, jusqu’au 14 mars 2016.