« Allo, je suis dans le train ! »

TGV-intérieur-copyright-binder-donedat« Vous êtes invités à passer vos appels depuis les plateformes ».

Depuis quand ? Le jargon de la SNCF recèle quelques bijoux.  Peu importe, dira-t-on, tout le monde a compris. Même si aucun passager ne sait exactement à quoi ressemble une « plateforme ». En langage courant, on dirait plutôt « entre les wagons ». Pour résumer, un peu de discrétion est bienvenue.

La consigne n’est pas facile à respecter. On ne compte plus les voyages perturbés par une conversation intempestive ou des hurlements téléphoniques. On aimerait se concentrer, lire, travailler, et à l’occasion faire la sieste. Indiciblement, sans trop savoir pourquoi, on sent son espace vital menacé.

Typologie du gêneur. A force de fréquenter les trains, nous avons tenté d’établir une typologie des gens qui parlent fort.

A tout seigneur tout honneur, il y a d’abord ceux qui se racontent à leur téléphone, que la conversation soit personnelle ou professionnelle. J’ai lu un jour quelque part que la chose la plus agaçante dans une conversation téléphonique subie, c’est que l’on n’y est pas convié. En d’autres termes, on se sent délibérément ignoré et méprisé. Certaines sociétés commercialisent des brouilleurs, petits boîtiers que l’on peut actionner discrètement mais qui, je l’avais constaté moi-même, se révèlent peu efficaces. Lire ici cette expérience datant d’il y a deux ans.

Parmi les bavards impénitents, on rencontre également ces membres d’un même groupe qui échangent, à voix très haute, leurs impressions de voyage. Pour ces amis commentant leur séjour, ou ces collègues se dirigeant vers la même conférence, parler fort semble être un moyen d’occuper une place dans le groupe.

Les vrais sans-gêne sont peu nombreux. On distingue ensuite les passagers qui viennent de se rencontrer et font de la voiture un salon. Après tout, puisque la compagnie est agréable, autant en faire profiter l’entourage. On entend aussi quelques personnes âgées et puis ceux qui, malgré eux, ont la voix qui perce, ou, pire, un rire sonore. Et les vrais sans-gêne ? Tous comptes faits, ils sont assez peu nombreux.

tgv-pepy_paysage619Peut-on amener tous ces bavards à davantage de discrétion ? Les transporteurs y réfléchissent. Il y a quelques mois, Thalys avait songé à placer ses clients en fonction du prix du billet. Une manière de réserver aux hommes d’affaires, réputés silencieux et courtois, des wagons tranquilles. La formule avait provoqué un tollé. Et pourtant, la Deutsche Bahn prévoit depuis longtemps des « Ruhebereich », zones de silence où le moindre bruit, à commencer par la sonnerie d’un téléphone, est proscrit (à voir ici, et si vous ne comprenez pas l’allemand, vous saisirez au moins les pictogrammes). Dans le même genre, la SNCF a inventé les IDTGV, ambiance zen.

« Bonne merde les gars ! » Pour sa part, Lyria, le TGV franco-suisse, rappelle sur son site les consignes énoncées au début de chaque trajet. Le reste est à l’appréciation du contrôleur. En Belgique, entre Bruxelles et Louvain-la-Neuve, les passagers ont un jour entendu, à leur grand étonnement, l’annonce suivante : « Mesdames et Messieurs, pensez à baisser votre musique et ne pas parler trop fort, des étudiants font leurs révisions de dernière minute. A tous les étudiants en examens : bonne merde les gars ! »

Devrait-on expulser des trains les gens qui parlent trop fort ? C’est arrivé l’an dernier, c’était aux États-Unis. La passagère ne voulait rien entendre (les autres voyageurs non plus) et le trajet durait 15 heures. Plus simplement, la meilleure manière de calmer les conversations consiste peut-être à sourire aux bavards en mettant un doigt sur la bouche. Parfois, un simple regard suffit, surtout pour ceux qui sont au téléphone.

RuhebereichMais hélas, une fois que tous les passagers du wagon auront sombré dans un sommeil réparateur, le haut-parleur annoncera, tonitruant, qu’« un bar est ouvert en voiture 4 » (ou 14).

Manque de chance, c’est justement au milieu de l’après-midi, à l’heure où les ventes de sandwiches ne décollent pas, qu’il convient de proposer un repas à  des voyageurs en train de digérer.

 

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Pour conclure une petite histoire :

Après une longue et fatigante journée au bureau, une jeune femme se cale dans son siège et ferme les yeux pendant que le TGV part de la gare de Lyon.

Dès que le train prend de la vitesse, un sans-gêne assis en face d’elle sort son portable et commence à parler fort :

– Salut mon cœur, c’est Richard.. Je suis dans le train… Oui, celui de 18h30 et pas celui de 16h30… Parce que j’ai eu une longue réunion… Non Chérie, pas avec le nul de la comptabilité, mais avec le Patron… Non Mon Cœur, tu es la seule femme de ma vie… Oui, j’en suis sûr… promis-juré ! etc, etc…  » 

Un quart d’heure plus tard, le type continue à parler haut et fort, lorsque la jeune femme assise en face, visiblement exaspérée par ce bavardage bruyant se met à hurler : 

– Ho ! Richard, éteins ce putain de téléphone et reviens au lit !!!

Depuis, Richard n’utilise plus son téléphone portable dans un lieu public…

 

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