Hallelujah de Leonard Cohen

lc51L’histoire secrète d’un titre mythique

Avant de devenir un hymne universel psalmodié lors de nombreuses cérémonies, le titre Hallelujah, dont la première version paraît en 1984, a longtemps été ignoré du grand public. Retour sur la trajectoire extraordinaire de cette chanson.
Il s’agit sans doute de la prière profane la plus populaire de l’histoire de la musique.Tout commence à l’orée des années 80. Au moment d’entamer son septième album, Leonard Cohen traverse une crise artistique majeure. Le chanteur peine à se reconvertir et craint plus que tout d’apparaître aux yeux des fans comme désuet. Recent Songs, son album le plus classique, qui sort en 1979, ne marche pas. Cohen entre alors dans une période de remise en question qui le pousse à reconfigurer en profondeur son écriture.

C’est dans ce contexte tourmenté que l’artiste accouche dans la douleur de la première version du texte d’Hallelujah, en 1980. «J’ai rempli deux carnets de notes et je me souviens m’être retrouvé au Royalton Hotel de New York, en sous-vêtements sur la moquette, me cognant la tête sur le sol en me lamentant de ne pas pouvoir finir cette chanson», confiait-il aux journalistes l’interrogeant sur la genèse de son chef-d’oeuvre.

Un véritable sacerdoce pour l’auteur, qui avouera à Bob Dylan avoir pris deux ans pour composer cet hymne. Il faut dire qu’avant de retenir les cinq sublimes couplets de la version finale d’Hallelujah, Leonard Cohen en aurait écrit pas moins de… 80.

Un texte érotique devenu chant de Noël

Leur examen détaillé confirme la dimension follement sexuelle d’un texte devenu pourtant l’un de nos chants de noël préféré… Au-delà de l’incantation mystique suggérée par le titre, les références bibliques dont le chanteur parsème son texte composent en réalité une ode érotique à l’amour charnel. Une gentille sournoiserie de la part de l’ impénitent Cohen pour qui la sexualité reste liée à l’obsession du péché originel…
Comme le relevait dès 2005 le journaliste du Sunday Times Bryan Appleyard, dont les propos sont rapportés par le magazine Les Inrocks, Hallelujah est avant tout le texte de la faiblesse humaine vis-à-vis de la chair. Une dimension certainement demeurée inaperçue du studio Dreamworks, qui choisira de faire du titre la BO du dessin animé Shrek…

Les nombreux indices disséminés dans le texte confirment pourtant cette interpétation pour le moins sulfureuse. Le choix des références, d’abord. Il y a David, le roi de l’Ancien Testament, amoureux de la belle Bethsabée, et puis la sublime tentatrice Dalila, qui fait son apparition dès le deuxième couplet de la chanson.
Dans la louange au seigneur adressée par Leonard Cohen à Dieu, de nombreux commentateurs perçoivent ainsi une apologie détournée de l’orgasme… «And from your lips she drew the Hallelujah/Et de tes lèvres elle a tiré l’Hallelujah…» Une interprétation jamais démentie par le chanteur canadien et confirmée par la reprise qu’en fera John Cale quelques années plus tard. Reprenant certains des couplets abandonnés par Leonard Cohen, l’ex membre des Velvet Underground livre une version enrichie de l’hymne dont la connotation nettement plus sexuelle ne peut cette fois être contestée…

Un pari gagnant pour Leonard Cohen puisque cette première reprise permet enfin au titre d’accéder à la notoriété. Jeff Buckley renchérit dans l’érotisme avec son interprétation désormais mythique d’Halleluyah, auquel le jeune artiste apporte en 1994 sa sensualité démoniaque et sa mélancolie absolue.

Le début de la gloire pour un titre qui sera désormais décliné à l’infini dans les télé-crochets musicaux tels qu’X-factor, transformé en sonnerie de téléphone ou parachuté dans des séries à succès (The OC, The West Wing). On dénombre entre 180 et 200 reprises du titre, qui aurait été le plus téléchargé en 2004… Depuis Jeff Buckley, la reprise la plus touchante est certainement celle de Rufus Wainwright, beau-fils de Leonard Cohen, qui livre de sa voix rauque et éraflée une interprétation lancinante du titre pour la bande-originale de Shreck. Un beau clin d’oeil familial qui permet, en 2001, d’associer de nouveau l’artiste à une chanson née dans la douleur et dont il aura très tôt été dépossédé.

 

Lyrics:

HALLELUJAH

[Verse 1]
Now I’ve heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don’t really care for music, do you?
It goes like this
The fourth, the fifth
The minor fall, the major lift
The baffled king composing « Hallelujah »

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 2]
Your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty and the moonlight overthrew you
She tied you to a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 3]
Baby I have been here before
I know this room, I’ve walked this floor
I used to live alone before I knew you
I’ve seen your flag on the marble arch
Love is not a victory march
It’s a cold and it’s a broken Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 4]
There was a time you let me know
What’s really going on below
But now you never show it to me, do you?
And remember when I moved in you
The holy dove was moving too
And every breath we drew was Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 3]
You say I took the name in vain
I don’t even know the name
But if I did, well really, what’s it to you?
There’s a blaze of light
In every word
It doesn’t matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 4]
Maybe there’s a God above
But all I’ve ever learned from love
Was how to shoot somebody who outdrew you
And it’s not a cry that you hear at night
It’s not somebody who’s seen the light
It’s a cold and it’s a broken Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

[Verse 5]
I did my best, it wasn’t much
I couldn’t feel, so I tried to touch
I’ve told the truth, I didn’t come to fool you
And even though
It all went wrong
I’ll stand before the Lord of Song
With nothing on my tongue but Hallelujah

[Chorus]
Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah

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