Collèges, la réforme « punching ball »
Drôle d’histoire cette réforme du collège qui devient pour le pouvoir socialiste le test ultime de sa volonté réformatrice en l’opposant frontalement à sa base électorale la plus fidèle. Ce mardi, les professeurs des collèges publics étaient en grève pour s’opposer à leur tour à ce texte qui ressemble plus désormais à un « punching ball » où tous les mécontents de l’Education telle qu’elle fonctionne en France peuvent passer leurs nerfs. Un mouvement très suivi, par plus de la moitié des enseignants concernés, selon le Snes, principal syndicat du secondaire. Vu des fenêtres du ministère, il est certes moins massif, mais tout de même significatif, avec pas loin de 30% de participation. La ministre Najat Vallaud-Belkacem, le Premier ministre, Manuel Valls, et même François Hollande, s’exprimant à Berlin – ce qui ne manque pas de sel quand on se rappelle qu’un des sujets de dispute porte sur la place de l’allemand – ont tous insisté en choeur sur le fait qu’ils ne reculeraient pas sur cette réforme. Et tans pis pour les dizaines de milliers de créations de poste dans les écoles, une des rares mesures les plus purement « de gauche » du quinquennat qui risque de passer du coup dans les oubliettes quand les profs se retrouveront à nouveau devant les urnes. L’exécutif a-t-il choisi le mauvais cheval pour affirmer sa détermination à réformer le pays? Six Français sur dix donnent raison aux enseignants grévistes. « Il ne faut pas avoir peur de la réforme » a encore martelé Manuel Valls. Comme s’il craignait de lui avoir fait en l’occurrence une mauvaise publicité.