Hollande a pris son gouvernement par surprise en annonçant un élargissement aux jeunes de cette incitation à la reprise d’emploi qui va remplacer le RSA.
François Hollande avait fait de l’amélioration des conditions de vie de la jeunesse une des priorités de sa campagne présidentielle.
François Hollande a visiblement pris tout le monde de court dimanche, en annonçant l’extension de la future « prime d’activité ». Y compris son propre gouvernement. Sur le plateau de l’émission Le Supplément de Canal+, le président de la République est resté très vague. « Je vais l’élargir », a-t-il simplement déclaré, avant de citer les moins de 25 ans.
Sauf que l’extension aux jeunes de ce complément de revenu destiné à ceux qui exercent une activité à temps partiel ou à temps plein faiblement rémunérée avait déjà été annoncée par Manuel Valls lors de la présentation du dispositif, début mai. Le programme national de réformes que Paris doit envoyer à Bruxelles dans le cadre de la coordination des politiques économiques des États membres de l’Union européenne souligne ainsi que « ce droit nouveau » sera ouvert « aux jeunes actifs qui s’insèrent dans l’emploi au prix, parfois, de contrats précaires et de temps partiels, synonymes de rémunérations modestes ».
Étendre la prime d’activité sans trop débourser
Il semblerait en fait que François Hollande veuille rajouter dans le dispositif les apprentis et les étudiants qui travaillent pour financer leurs études.
>> Problème : le projet de loi que doit présenter mercredi le ministre du Travail, François Rebsamen, ne le prévoit pas ! Le gouvernement va donc devoir demander à sa majorité parlementaire d’amender le texte lors de son passage à l’Assemblée nationale, tout en l’empêchant de faire déraper le coût budgétaire dans un contexte déjà tendu entre Paris et Bruxelles sur la réduction du déficit…
La « prime d’activité », censée garantir que le travail paie davantage que l’assistance, fusionne en fait deux dispositifs existants afin de supprimer leurs multiples défauts : la prime pour l’emploi de Lionel Jospin et le RSA-activité de Nicolas Sarkozy. Le tout sans alourdir la facture pour l’État (4 milliards d’euros), ce qui fait craindre à certains que l’extension aux étudiants se fasse au détriment des autres bénéficiaires. François Hollande a avoué dimanche que la somme consacrée à la prime d’activité pourrait finalement être un petit peu supérieure à 4 milliards d’euros. Tout dépendra du périmètre exact qui sera retenu.
L’UMP vent debout – En fait l’UMP ne fait que çà : brasser de l’air , car
- Avec la prime d’activité, François Hollande et son gouvernement reprennent à leur compte une thématique chère à Nicolas Sarkozy : la valorisation du travail. « Il y a beaucoup de personnes qui se mettent dans la situation de refus d’un travail parce que ça peut être une baisse de revenu, paradoxalement », a ainsi expliqué François Hollande, sur Canal+. Avant de préciser : « Ce qui compte, c’est sortir nos compatriotes d’une forme de précarité, voire d’une forme de résignation. » Sous-entendu, une « résignation » à ne pas travailler…
- Alors l’UMP préfère concentrer ses critiques sur l’extension de la prime d’activité aux jeunes de moins de 25 ans. C’est un « non-sens économique », a asséné lundi le conseiller politique de Nicolas Sarkozy, Luc Chatel. Ce n’est pourtant pas ce que disait Nicolas Sarkozy lorsqu’il était président de la République. En 2009, il avait étendu aux jeunes de moins de 25 ans le versement du RSA socle (ex-RMI) à condition qu’ils aient travaillé deux ans puis épuisé leur indemnité chômage. « Il est profondément anormal que lorsqu’il a commencé à travailler tôt, un jeune de moins de 25 ans n’ait pas le droit au RSA. Les Français ne peuvent pas bénéficier de droits sociaux différents sur la seule base de leur âge. J’en attends que les jeunes considèrent qu’ils sont respectés, qu’ils ont les mêmes droits que les autres et donc qu’on pourra leur demander les mêmes devoirs que les autres », expliquait alors le président de la République.
Source Le Point