Le Premier ministre se lance dans la campagne des élections départementales.
Plus pour restaurer son autorité que pour déjouer les pronostics.
Il y a un an, Jean-Marc Ayrault avait choisi d’enjamber les élections municipales en ne menant quasiment pas campagne. Avec le résultat que l’on connaît : une déroute sans précédent pour le PS. Son successeur à Matignon n’entend pas refaire la même erreur. Manuel Valls a décidé de s’engager pleinement dans la bataille des élections départementales. Il est ce jeudi soir en meeting dans l’Aude. Il porte la bonne parole vendredi en Ille-et-Vilaine. Et il fera d’autres déplacements, une dizaine au total, d’ici au premier tour de scrutin, le 22 mars.
« Je ne pars jamais battu. Et c’est pour cela que le Premier ministre, le gouvernement, les socialistes, sont mobilisés. C’est une campagne très politique », a-t-il expliqué sur BFMTV et RMC. Manuel Valls est convaincu que ses visites et celle de Bernard Cazeneuve, le populaire ministre de l’Intérieur, dans le Doubs ont aidé le PS à conserver son siège de député lors de l’élection législative partielle du début du mois dans ce département.
Il est aussi persuadé qu’il faut mieux assumer le bilan du gouvernement, défendre les réformes engagées et se frotter aux électeurs plutôt que d’essayer de contourner l’obstacle. Monter en première ligne est, au passage, l’occasion pour lui de rappeler aux « frondeurs » qu’il est bien le chef de la majorité et qu’il lutte pour la gauche. Bref une nouvelle opportunité de « faire preuve d’autorité ».
Un combat très mal engagé
Pas sûr toutefois que cela change vraiment la donne le jour du vote, tant le combat semble aujourd’hui mal engagé pour la majorité. Le PS pourrait arriver en troisième position en nombre de voix (20%) loin derrière le FN (30%) et l’UMP-UDI (28%), selon un sondage de l’Ifop pour « Le Figaro » publié lundi. Et la gauche aborde le scrutin divisée comme jamais, avec le risque de ne pas être présente au second tour dans plus de 500 cantons sur 2.054 si l’abstention est élevée comme c’est probable.
Manuel Valls en semble d’ailleurs conscient. Le fougueux Premier ministre se garde bien d’engager la responsabilité de son gouvernement sur cette élection. A la question de savoir s’il en tirerait les conséquences sur le plan national en cas d’échec, il a, ce jeudi, clairement répondu « non ».
Opinion de Florian Philippot – un « mélange des genres assez grave »
Florian Philippot, vice-président du Front national, a vu un « mélange des genres assez grave » dans la campagne des départementales menée par Manuel Valls qui a fait de l’extrême droite l' »adversaire principal » de son camp. L’eurodéputé était interrogé par BFM TV et RMC sur l’intervention du Premier ministre la veille lors de son premier meeting électoral, qu’il a choisi de tenir dans l’Aude socialiste, près de Carcassonne. « Nous, notre adversaire principal, c’est le chômage, l’insécurité, la baisse du pouvoir d’achat, des petites retraites, l’immigration massive« , a argumenté le bras droit de Marine Le Pen. « Il n’a rien d’autre à faire Monsieur Valls, Premier ministre ? » a-t-il demandé, pointant « un mélange des genres assez grave ».
« Il n’a rien d’autre à faire en tant que Premier ministre dans un pays qui a cinq millions de chômeurs, que d’aller faire campagne pour le Parti socialiste ? », a-t-il insisté. « Et puis, c’est payé par qui ? » Le PS dit qu’il règle tout, lui répond la journaliste. « J’ai des doutes. Ce ne serait pas payé par l’État, par hasard ? Nous vérifierons cela », a-t-il mis en garde. Cette déclaration du Premier ministre « traduit quelque chose : ils sont en panique générale », a-t-il estimé, reprenant un terme employé par Marine Le Pen la veille, au Salon de l’agriculture. « Ils sont tous allés au Salon, ils n’ont pas parlé de l’agriculture, ils ont parlé du FN », a martelé le vice-président frontiste. « Ils ont perdu la boule, ils sont obsédés par la dynamique du Front national. » Comme on lui opposait que Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, avait refusé de parler de « cette dame », Florian Philippot a jugé que ce n’était guère « courtois. On le reconnaît bien là, le Nicolas Sarkozy du « casse-toi pauvre con » ».