1914-1918 – Commémorations de la Grande Guerre

VerdunLa défaite inéluctable de l’Allemagne

Dès l’échec de leur contre-offensive de juillet 1918, les Allemands ont compris qu’ils n’avaient plus aucun espoir d’arracher la victoire.

C’est que les troupes américaines, fortes de quatre millions d’hommes, arrivent en renfort des Anglais et des Français.

Le 3 octobre, l’empereur Guillaume II nomme à la chancellerie (la direction du gouvernement) le prince Max de Bade. Il espère que cet homme modéré saura obtenir des conditions de paix convenables de la part des Alliés.

Cela devient urgent car l’Allemagne bascule dans l’anarchie et la guerre civile cependant que ses alliés cessent les combats et signent l’un après l’autre des armistices.

Le 9 novembre au matin, le prince Max de Bade téléphone à l’empereur, à Spa. «Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l’Allemagne de la guerre civile», lui dit-il. Guillaume II s’y résout et part en exil.

HindenburgGuiLudendorffUn armistice mal accepté

Les militaires s’étant défaussés, c’est à un civil, Matthias Erzberger, que revient la pénible tâche de négocier l’armistice.

En France, la demande d’armistice fait débat. Le président de la République Raymond Poincaré et le général Philippe Pétain voudraient profiter de l’avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l’Allemagne elle-même et signifier à celle-ci l’étendue de sa défaite.

Mais le généralissime des troupes alliées, Ferdinand Foch, et le chef du gouvernement, Georges Clemenceau, ne croient pas l’armée française capable de se battre encore longtemps et souhaitent en finir au plus vite.

L’armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre à 5h15 du matin.

Les Français ne manquent pas de noter que ce jour est la fête du saint patron de leur pays, Saint Martin, alors très populaire.

Les Allemands se voient soumettre des «conditions » sans aucune marge de négociation :

– Ils doivent livrer l’essentiel de leur armement, de leur aviation et de leur flotte de guerre.

– Leur armée est sommée d’évacuer sous 30 jours la rive gauche du Rhin (en Allemagne même) ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite, Coblence, Cologne et Mayence.

L’armistice est conclu pour 36 jours mais sera régulièrement renouvelé jusqu’au traité de paix du 28 juin 1919.

Amertume des vaincus

La demande d’armistice étant venue des représentants civils et non militaires de l’Allemagne, ces derniers échappent à l’infâmie de la défaite. À Berlin, les représentants de la jeune République accueillent les combattants en ces termes : «Soldats qui revenez invaincus»

Dans les mois qui suivent l’armistice, les généraux Ludendorff et Hindenburg attribuent avec aplomb la défaite militaire à un «coup de poignard dans le dos» de la part des politiciens et des bourgeois cosmopolites. L’expression est reprise avec ferveur par les Allemands meurtris et humiliés. Elle va faire le lit des partis ultranationalistes, dont le parti nazi.

Faut-il continuer de commémorer l’Armistice ?

Après la mort du dernier «poilu» français, en 2009, que peuvent encore signifier la commémoration de l’Armistice du 11 novembre et les cérémonies rituelles devant les monuments aux morts ? Faut-il les supprimer comme d’aucuns le suggèrent ?

L’Armistice, un marqueur de l’identité nationale

Après la mort du dernier «poilu», que peuvent encore signifier la commémoration de l’Armistice du 11 novembre et les cérémonies rituelles devant les monuments aux morts ?

Faut-il les supprimer comme nous y invitent les Allemands, désireux de promouvoir le 9 novembre comme Fête commune de l’Europe ?

Faut-il les remplacer par une cérémonie du souvenir en l’honneur de tous les morts des guerres passées ?

Voici notre analyse :

Chaque année, depuis 90 ans, les Français de toutes classes, de tous âges et de toutes opinions se remémorent le 11 novembre, l’Armistice qui a mis fin à la Grande Guerre. Aujourd’hui encore, il n’est guère d’enfant qui n’ait entendu parler d’un aïeul ayant combattu dans les tranchées…

Une commémoration majeure

C’est que la guerre de 1914-18, qui n’est pas pour rien qualifiée de Grande, est la première guerre pleinement nationale qu’ait connue la France : l’immense majorité des appelés ont rempli leur devoir et la plupart des familles ont été affectées par le deuil ; dans les tranchées, les patois se sont effacés au profit de la langue nationale ; pour la première fois enfin, des hommes de toutes races et de toutes religions venus des colonies ont combattu sous le drapeau tricolore aux côtés des métropolitains…

L’Armistice a été ressenti par les contemporains comme un immense espoir. On a cru que la guerre à laquelle elle mettait fin serait la dernière, la «der des der». Était-ce si faux que cela ? Les Européens ont joué les prolongations en se laissant entraîner vingt ans plus tard dans un nouveau conflit, dans la continuité du précédent. Il n’en demeure pas moins que le souvenir de ces atrocités les a définitivement vaccinés contre la guerre.

Une guerre entre Anglais, Allemands et Français est devenue aussi improbable qu’une guerre entre Armagnacs et Bourguignons. Enfin, le traité de 1963 entre de Gaulle et Adenauer ainsi que la poignée de main Mitterrand-Kohl ont scellé la réconciliation entre l’Allemagne et la France sans que l’on ait encore besoin d’y revenir.

On comprend dans ces conditions que le 11 novembre demeure la principale commémoration française avec le 14 juillet :

– La Fête nationale, estivale et festive, rappelle l’union chaleureuse de la Nation autour du Roi et de ses représentants (Fête de la Fédération, 14 juillet 1790),

– L’Armistice, automnale et recueillie, rappelle le sacrifice des soldats morts pour la France pendant la Grande Guerre mais aussi les autres conflits.

À défaut de «poilus», les cérémonies du 11 novembre réunissent désormais devant les monuments aux morts des vétérans de la Seconde Guerre mondiale ou même de la guerre d’Algérie. On observe le même phénomène en Amérique du Nord où cette journée est devenue celle des vétérans de toutes les guerres.

Jour de recueillement

Faut-il donc en finir avec la commémoration de l’Armistice, 90 ans après celle-ci ?

De l’autre côté du Rhin, beaucoup d’Allemands nous le demandent et souhaiteraient promouvoir, en lieu et place de celle-ci, une Fête de l’Europe qui se tiendrait le 9 novembre, anniversaire du putsch de la Brasserie, de la Nuit de Cristal et de la chute du Mur (ils oublient ce faisant qu’il existe déjà une Fête de l’Europe fixée par le Conseil de l’Europe au 9 mai, anniversaire de la CECA).

Mais en France, le rituel quelque peu désuet du 11 novembre a la vertu de rappeler à chacun, notamment aux plus jeunes et aux Français d’adoption, que la paix et la prospérité sont des biens précaires qui ne se peuvent conserver qu’au prix de la cohésion nationale…

Il est louable que la chancelière allemande Angela Merkel se recueille avec le président français devant la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe, ce 11 novembre 2009. C’est un geste conforme à l’esprit des relations franco-allemandes depuis un demi-siècle.

Il est d’autant plus naturel que le souvenir de l’Armistice n’a pas laissé de ressentiment du fait : 1) de l’éloignement dans le temps, 2) de ce que la Grande Guerre, qui a opposé des nations semblables, nous apparaît a posteriori comme insensée. Il en va autrement de la Seconde Guerre mondiale qui a mis aux prises une infâme dictature avec de paisibles démocraties.

Un geste à l’égard de l’Allemagne

Maintenant, si l’on souhaite faire un geste supplémentaire en direction de nos voisins allemands, le plus simple serait d’en finir avec le 8 Mai férié et chômé, supposé commémorer la capitulation de l’Allemagne nazie, une aberration due au président Mitterrand. Un remplacement par le 9 Mai, fête officielle de l’Europe, serait un symbole fort de confiance en l’avenir du projet européen.

Enfin, la mémoire nationale ne doit pas se réduire au dernier conflit avec l’Allemagne et il serait bon d’oublier les incongruités de ces trois dernières années : la lettre de Guy Môquet, le pèlerinage aux Glières, la Shoah en classe de CM2 etc.

Comment peut-on imaginer de célébrer l’amitié franco-allemande et dans le même temps de faire un pèlerinage sur le plateau des Glières le 10 mars en l’honneur des résistants qui y furent massacrés, puis de lire aux lycéens la lettre de Guy Môquet le 27 octobre, enfin de rappeler le défilé des lycéens sur les Champs-Élysées le 11 novembre 1940 ? Quel enseignement les jeunes Français peuvent-ils tirer de ce micmac ?

Une journée de trop

Il est question aujourd’hui d’instaurer une «journée de l’amitié franco-allemande». Elle viendrait s’ajouter à la journée contre le sida, la journée des grand-mères etc. L’idée est saugrenue car, à part quelques demeurés qui limitent leur horizon historique à la Seconde Guerre mondiale, personne, en France et en Allemagne, n’imagine que cette amitié aurait besoin d’être consolidée.

L’idée peut aussi déboucher sur un engrenage dangereux. Il est peu probable que les Anglais nous demandent une «journée de l’amitié franco-anglaise» le 8 mai (délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc) pour effacer sept siècles de conflits. Par contre, les autocrates algériens pourraient bien saisir la perche pour exiger du gouvernement français, en contrepartie de quelques contrats juteux, qu’il fasse du 19 mars (cessez-le-feu en Algérie) une «journée de la réconciliation franco-algérienne», avec, pourquoi pas ? lecture obligatoire aux élèves français d’un texte sur les exactions supposées de leurs compatriotes en Algérie. À trop jouer avec la mémoire, prenons garde…

Un-11-Novembre-a-la-memoire-de-tous-les-morts-pour-la-France_article_main1914-1918 – Commémorations de la Grande Guerre

Près d’un siècle après, la commémoration de l’Armistice demeure l’un des moments forts de la vie civique dans les grands pays européens, en France, en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne… mais aussi en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Il ne s’agit plus seulement de se recueillir sur le souvenir des disparus mais aussi de rappeler la fragilité de la cohésion nationale et de la paix. C’est aussi l’occasion de mesurer les efforts depuis 1918 en faveur de l’union européenne… et ceux qui restent à accomplir.

11-novembre-australieÀ chaque commune son lieu de mémoire

Parmi les grands pays, la France est celui qui a payé le tribut le plus élevé à la Grande Guerre (3,4 morts pour 100 habitants), d’où la profusion de monuments aux morts dans ce pays plus qu’en aucun autre…

Les premiers monuments aux morts sont antérieurs à la Grande Guerre elle-même et se rapportent à la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

De 1920 à 1925, la France va se doter d’environ 30.000 monuments aux morts, chaque commune ayant à coeur d’honorer ses morts et disparus.

Ces ensembles statuaires de plus ou moins bon goût mais toujours émouvants avec leur liste de tués deviennent un nouveau lieu d’expression de la vie civique.

La dimension exceptionnelle de la Grande Guerre n’échappant à personne, la France et les autres belligérants ont instauré par ailleurs de nouveaux rites pour en rappeler le souvenir.

À l’occasion du premier anniversaire de l’armistice de 1918, la France a ainsi inventé le cérémonial de la « minute de silence » en hommage aux victimes du conflit.

L’année suivante, le 11 novembre 1920, la IIIe République célèbre son cinquantenaire en transférant le coeur de Gambetta au Panthéon et, pour la première fois, rend hommage à un Soldat inconnu mort pendant la guerre, représentant anonyme de l’ensemble des « poilus » morts pour la France.

D’autres pays comme la Belgique adoptent le même rituel.

sol-inco11Le Soldat inconnu

Évoquée une première fois par François Simon, président du Souvenir français de Rennes, l’idée d’honorer un soldat tué au champ d’honneur et non identifié se dégage rapidement dans l’opinion française.

Dans un premier temps, la Chambre des Députés décide qu’il reposera au Panthéon. Mais une campagne de presse amène le 8 novembre 1920 le vote d’une loi prévoyant de rendre les honneurs du Panthéon aux restes du soldat inconnu puis de l’inhumer sous l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile. L’idée est de Charles Dumont.

Le ministre de la Guerre et des Pension, André Maginot, ancien sergent du 44ème RIT, blessé au combat, ordonne aussitôt aux neuf commandants de Région de faire exhumer « dans un point de chaque région pris au hasard et qui devra rester secret, le corps d’un soldat identifié comme Français, mais dont l’identité n’aura pu être établie ». Chaque corps est placé dans un cercueil de chêne et dirigé sur Verdun. Avant que La Marseillaise ne retentisse, il revient au soldat Auguste Thin de désigner à Verdun le Soldat inconnu (6e cercueil, 10 novembre 1920) en déposant sur son cercueil un bouquet d’oeillets rouges et blancs cueillis sur le champ de bataille de Verdun.

Conduit à la gare de Verdun sur un affût de canon, le cercueil du Soldat inconnu arrive le lendemain à la gare parisienne de Denfert-Rochereau pour une cérémonie au Panthéon puis est porté par six soldats dans une chapelle ardente au premier étage de l’Arc de Triomphe, avant d’être définitivement inhumé sous la voûte de l’Arc le 28 janvier 1921.

poppiesUn coquelicot pour se souvenir

En Grande-Bretagne et dans le Commonwealth, en particulier au Canada, l’anniversaire de l’Armistice n’est pas chômé mais, dans ces pays, les anciens combattants, les officiels et aussi les particuliers communient dans le souvenir des morts en portant un coquelicot de papier à la boutonnière.

Cette fleur a une prédilection pour les sols fortement remués et, pour cette raison, s’épanouit dans les champs de bataille et les cimetières militaires. Cette particularité lui a valu d’être évoquée dans des poèmes à la mémoire des soldats défunts.

On dit que deux jours avant l’armistice du 11 novembre 1918, une Américaine eut l’idée d’arborer un coquelicot sur la poitrine. Son idée fut aussitôt reprise par ses concitoyens et, en 1921, le feld-maréchal Douglas Haig encouragea la vente de coquelicots en papier par la Légion britannique en vue d’amasser des fonds pour les anciens combattants pauvres et invalides (British Poppy Day Appeal).

source : herodote.

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